Ce mois-ci, deux films de Ridley Scott sont sur nos écrans. Le premier, dont vous avez probablement vu l’affiche partout, s’intitule Seul sur Mars et met en scène Matt Damon en Robinson Crusoé astronautique. Le second est une rétrospective, puisqu’il s’agit en réalité de son troisième long-métrage sorti en 1982 : Blade Runner, passé depuis au rang des films cultes de la science-fiction (et proposé aujourd’hui dans sa version « Final Cut »).
Mais que se passe-t-il dans la tête de Ridley Scott depuis quelques années ? Après nous avoir bluffé et avoir ouvert des perspectives vertigineuses (Alien, le huitième passager, Thelma et Louise, 1492 : Christophe Colomb pour ne citer que les plus connus), le réalisateur répète désormais les thèmes qui ont fait la grandeur de ses films précédents et les vide de leur substantifique moelle. Il en ressort de gros nanars irrigués de millions et diffusés à grand renfort de marketing.
Attention, ne nous méprenons pas : ses derniers films sont de gros nanars, certes, mais ils restent de bons divertissements ! N’avons-nous pas ici-même évoqué les plaisirs coupables que nous éprouvions devant Sharknado 2 ? Un dimanche soir sur M6, je suis sûr que je serai content de revoir d’un coin de l’œil Seul sur Mars, et pendant que Matt Damon sèmera ses patates martiennes, je cultiverai mes carottes virtuelles estampillées « Farm Heroes Saga ». Je serai également très content de fredonner avec notre astronaute esseulé les plus grands tubes de la pop disco des années 70 ! De là à retourner au cinéma dans 30 ans pour voir une rétrospective ? J’en doute ! En somme, Seul sur Mars est un bon film à condition que l’on sache ce que l’on en attend.
En revanche, je garde un excellent souvenir de Blade Runner et c’est un plaisir de le retrouver ce mois-ci encore dans la gazette de mon cinéma préféré. Le film est inspiré d’une nouvelle de Philip K. Dick : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? et pose les questions prophétiques et tragiques de la condition humaine. Questions évidemment sans fin et dont les réponses ont moins d’intérêt que les perspectives de réflexion qu’elles ouvrent.
Pourtant, il semblerait aujourd’hui que Ridley Scott veuille nous apporter ces inutiles réponses et soit actuellement au travail sur plusieurs projets de suites : outre un Blade Runner 2, il nous tramerait également un 3001 : the final Odyssey (oui, vous avez bien lu, une suite de 2001 : l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick) ! Nécessité philosophique, geste artistique ou appel du gain ? Nous nous garderons bien de supposer les motivations réelles de l’artiste et de ses producteurs… bien que l’on ait une petite idée. Nous n’avons qu’une prière : pourvu que ce ne soit pas aussi mauvais que Prometheus, la regrettable préquelle d’Alien.
Alors, entre l’acidulé Seul sur Mars et le profond Blade Runner, quel film de S.-F. irez-vous voir ce mois-ci ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.