Un an seulement après le très médiocre Scream 5 (qui était simplement intitulé Scream), Ghostface est de retour et est prêt à frapper de nouveau. Cette fois-ci, exit Woodsboro. Son nouveau terrain de chasse, c’est New-York – où se sont installées les survivantes de l’épisode précédent. En fan inconditionnel de la série, je suis bien sûr allé au cinéma cette semaine pour découvrir le sixième opus de cette saga d’horreur. Alors que vaut Scream VI ?
Scream VI, Ghostface à New-York ?
L’originalité supposée de Scream VI est son changement de cadre. Contrairement à la plupart des épisodes antérieurs, l’action ne se déroule plus à Woodsboro mais à New-York. C’est également la première fois que l’héroïne historique de la saga Sidney Prescott (incarnée par Neve Campbell) ne fait pas partie du casting. Mais en vérité, le changement de lieu ne change pas grand chose au déroulement des scènes puisque la plupart d’entre elles se passent dans des appartements ou dans des lieux clos… donc de la Grosse Pomme on ne voit pas grand chose. À part un prologue (que j’ai adoré) qui se déroule dans une ruelle typique de Manhattan et une scène d’attaque dans le métro (totalement invraisembable et sans originalité), Scream VI aurait aussi bien pu se dérouler n’importe où ailleurs. Bref, le nouveau cadre n’est absolument pas exploité à sa juste valeur.
Après les évènements du requel de 2022, les survivants Sam & Tara Carpenter et Chad & Mindy Meeks-Martin ont décidé de s’éloigner de Woodsboro et de continuer leur vie (et leurs études) à NYC. Mais un nouveau Ghostface est à leur trousse et semble bien décidé à en finir avec eux.
On retrouve donc dans cet épisode à peu près le même casting que dans l’épisode précédent : Melissa Barrera dans le rôle de la fille de Billy Loomis, Jenna Ortega dans celui de sa petite sœur, Jasmin Savoy Brown et Mason Gooding dans les rôles des neveux de Randy. Hayden Panettiere – laissée pour morte dans Scream 4 – fait également son grand retour, ainsi que l’increvable et botoxée Courteney Cox.
Une suite ? Un requel ? Une franchise ? Quelles sont les nouvelles règles ?
Pour suivre les films Scream, il faut connaître un peu les codes du slasher et la terminologie de ce genre de saga cinématographique. Scream 1 était un scénario original (mais qui rendait hommage aux films de genre pour en réactualiser les codes). Scream 2 était une suite et Scream 3 théorisait les règles d’une trilogie. Scream 4 était en quelques sortes un remake multipliant les clins d’œil au tout premier film mais en remettant ses codes au goût du jour. Scream 5 enfin était un requel ou legacyquel, c’est-à-dire qu’il s’inscrivait dans la continuité des films précédents tout en posant les bases d’une nouvelle saga, avec son passage de flambeau entre les anciens héros (Sidney Prescott, Gale Weathers, Dewey Riley, Randy Meeks) et les nouveaux (les sœurs Carpenter et la fratrie Meeks-Martin).
Ce que j’adore dans la saga Scream, c’est qu’à chaque épisode les personnages ont conscience du type de film dans lequel ils jouent et quelles en sont les nouvelles règles. D’ailleurs, dès Scream 2, les personnages devenaient les spectateurs de la saga Stab, une série de films d’horreur inspirée de leur propre histoire.
Les règles du premier film, dans la tradition des slashers :
- Surtout, jamais de sexe.
- Ne jamais picoler, ni se shooter.
- Ne jamais dire « Je reviens tout de suite », parce qu’on ne revient jamais.
Les règles d’une suite :
- Encore plus de victimes.
- La mise en scène des crimes doit être plus élaborée, plus sanglante, plus gore. Ça doit tourner au carnage.
- Si tu veux laisser une porte ouverte à une autre suite, ne jamais dévoiler…
Les règles du chapitre final d’une trilogie :
- Le tueur est un peu comme Superman : le buter ça marche pas, l’éventrer pas la peine. Dans le troisième, vous devez cryogéniser sa tête, le décapiter ou bien le faire exploser.
- Tout le monde est susceptible d’y passer, même l’héroïne.
- Le passé revient pour vous botter méchamment le c*l : Oubliez ce que vous savez du passé parce que le passé revient toujours. Toutes les fautes qui ont été commises dans le passé refont surface et vous détruisent.
Les règles d’un remake ou d’un film d’horreur moderne :
- L’imprévu est le nouveau cliché.
- Il faut une scène d’ouverture marquante avec une esthétique « clipesque » et des morts plus extrêmes.
- Le contre-pied des règles originelles devient le nouveau standard.
- Le seul moyen pour être à-peu-près sûr de survivre est d’être plus ou moins gay.
- La fin originale devient une fausse fin dans le remake.
- On déconne pas avec l’original.
Les règles d’un requel (ou legacyquel) :
- On ne peut plus rebooter une franchise en zappant les premiers films.
- On ne peut pas faire juste une suite basique.
- Il faut apporter un élément nouveau, mais pas trop nouveau sinon ça part en vrille sur Internet.
- Il faut que ce soit un prolongement de l’histoire, même si l’histoire n’aurait jamais dû continuer à la base.
- Nouveaux personnages : OK, mais pas que. On retrouve aussi parmi leurs proches les personnages d’origine.
- Il faut toujours revenir au film original.
- Tout le monde peut mourir.
Scream VI prend une nouvelle dimension : la série de films est désormais une franchise. Il définit donc de nouvelles règles et les personnages en ont bien conscience, comme le veut la tradition.
Une scène d’intro très soignée
Ce que j’ai préféré dans ce nouveau Scream, ce sont ses 15 premières minutes. La saga est très forte pour nous offrir des scènes d’intro marquantes, c’est d’ailleurs sa signature. Qui, en 1996, aurait pu imaginer que Drew Barrymore (l’actrice la plus populaire du casting à l’époque) se ferait trucider avant même le générique de début ? Chacune des suites a renouvelé le principe en proposant toujours une scène d’introduction plus surprenante que les précédentes.
Scream VI ne déroge pas à cette règle. J’ai adoré la mise en place de ce nouveau scénario et la manière dont le nouveau Ghostface est introduit dans l’histoire.
Au-delà de ces 15 minutes liminaires, le reste du film m’a semblé plus anecdotique… Les dialogues sont relativement invraisemblables, tout comme les réactions des personnages qui semblent totalement blasés par ce qui se produit autour d’eux. Selon moi, la scène dans le métro new-yorkais atteint des sommets d’invraisemblance. Et que dire des personnages qui, après s’être pris je ne sais combien de coups de couteaux, finissent toujours par revenir d’entre les morts et sont encore capables de courir comme des lapins grâce à deux pansements et un bisou magique ?
Bref, avec Scream VI, on n’est clairement pas sur un épisode mémorable mais le film respecte les codes de la saga et rend surtout un bel hommage aux 5 premiers opus.
Si comme moi vous êtes fans de cette saga, vous ne devriez pas être déçu par ce film qui tient ses promesses sans être pour autant un chef-d’œuvre du septième art.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.