Un mois après la rentrée, il est temps de faire le bilan culturel de ce que l’on a vu et lu sur Culture déconfiture. Pas de doute : le cinéma est en très grande forme ! Coups-de-cœur sur coup-de-cœur au cours de ce mois de septembre au top ! C’est parti pour le nouveau bilan…
⊕ Le fils de Jean, de Philippe Lioret : Ce film est vraiment une réussite à tout point de vue. Son scénario, sur fond de quête identitaire, se déroule avec tranquillité et est parcouru d’une émotion ténue mais sincère. On s’identifie sans problème au personnage de Mathieu qui est de toutes les séquences du film, et l’on partage ses sentiments à chaque étape de sa recherche. Les personnages féminins apportent au film encore plus de profondeur, de charme et de crédibilité. Je pense en particulier à Marie-Thérèse Fortin qui, avec son jeu d’une extrême sobriété, confère de la dignité à l’un des personnages les plus beaux du film. Le film est encore à l’affiche, alors n’hésitez pas à aller le voir et à vous laisser porter par son atmosphère et sa subtilité.
⊕ Divines, de Houda Benyamina : Même si le film évite les questions qui fâchent et donne une vision parfois prémâchée des banlieues, sa narration et les portraits qui la jalonnent sont incroyablement captivants. A la rage de Dounia répondent la bonhommie candide de Maimouna et l’assurance charismatique de Rebecca. Elles crèvent l’écran et vous font voir toute la palette des émotions avec une authenticité effarante. Un film coup-de-cœur et coup-de-poing !
⊕ Juste la fin du monde, de Xavier Dolan : En adaptant la pièce de Jean-Luc Lagarce et en dirigeant les acteurs les plus en vogue du cinéma français, Dolan réalise un film puissant qui a clivé les critiques mais qui n’a laissé personne indifférent. Sur Culture déconfiture, en passionnés de théâtre, on a bien sûr été conquis !
⊕ Un Poyo rojo, de Hermes Gaido : Deux athlètes dans les vestiaires d’une salle de sport se toisent, rivalisent, jouent les coquelets jusqu’au ridicule. Les habitués des salles de sport reconnaîtront certainement une parodie assez bien sentie de ce que l’on observe souvent dans les vestiaires de la part de mâles gonflés à la testostérone. Mais que cache un tel culte du corps et cette obsession de la comparaison ? N’y aurait-il pas un fond de séduction et de désir sous cette apparente arrogance ? Luciano Rosso et Alfonso Baron sont les deux interprètes argentins de ce spectacle burlesque, entre danse et théâtre. Leur duo fonctionne à merveille, dans une tension permanente d’attraction et de répulsion réciproque. Tournée européenne en cours : à voir sans réserve !
⊕ Trophée Masters 2016 : Du Capitole à la Reynerie, tout Toulouse s’était rassemblé pour encourager les huit équipes qui disputaient cette grande finale : Allemagne, Corée du Sud, Taïwan, Biélorussie, Brésil, Suisse, Tunisie et les tenants du titre 2015 : la France ! Les matchs de 8 minutes se sont succédés, allant crescendo dans les prouesses physiques. Tantôt en solo, tantôt en groupe, les Bboys ont enchaîné les figures dans ces joutes endiablées, sous les hourras du public ! Je n’avais jamais assisté à ce type de rencontre et je dois avouer que j’ai été ébahi par le niveau d’exigence et de performance ! Finalement, ce sont les Coréens qui ont été sacrés champions pour cette nouvelle édition !
⊕ Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais par Rémy Barché : Voilà un spectacle dynamique et plein de jeunesse. Les acteurs se donnent à 100% et ne reculent devant aucun obstacle : ça chante, ça danse, ça se fout à poil et ça s’envoie à l’air (au propre comme au figuré). Aucune allusion grivoise n’est laissée pour compte ; le metteur en scène a fait feu de tout bois pour le plus grand plaisir d’une majorité de spectateurs ! On est venu voir une comédie, on en a pour son argent ! Bref, ce Mariage de Figaro tient sa promesse d’offrir quatre heures trente de délire. Malgré un premier acte un peu foutraque et braillard, le spectacle laisse rapidement place à des scènes plus nettes et nuancées, avec selon moi un point d’orgue lors de la scène du procès de Figaro au cours de laquelle le jeu des comédiens est remis au centre du théâtre et confirme en même temps que tous les autres artifices (musique, micros, ballons, etc.) dont Rémy Barché use et abuse sont superflus.
⊗ Dolce Agonia, de Nancy Huston : Réunir une dizaine de personnages dans un huis-clos et observer leurs relations, pourquoi pas ? Laisser la parole à Dieu et apprendre par sa bouche le destin et la mort de chacun, why not ? Mais pour quelle finalité ? Une nouvelle fois, je suis passé totalement à côté de ce roman de Nancy Huston dont je n’ai pas compris l’objectif. Il y a pourtant une super idée de départ… mais que reste-t-il à l’arrivée ? Pour moi, rien.
⊗ Blacksad – L’Enfer, le silence, de Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido : Cela faisait longtemps que je voulais découvrir l’univers de Blacksad dont les graphismes m’ont toujours plu. J’adore les personnages en forme d’animaux humanisés, et cette BD leur fait évidemment la part belle, avec en figure de héros le félin détective-privé John Blacksad. Dans cet épisode publié en 2010, John est de passage à La Nouvelle-Orléans pour une enquête commanditée par le directeur agonisant d’une célèbre maison de disques de blues pour retrouver son musicien fétiche, Sebastian « Little Hand » Fletcher, un pianiste héroïnomane qui fuit un lourd secret. Je n’ai à aucun moment été intéressé par cette intrigue ni par les dialogues, alors que les dessins m’ont parus magnifiques… Dommage !
Et vous, quels sont été vos coups-de-cœur en cette rentrée 2016 ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.