Ma dernière découverte sur Prime vidéo, c’est cette mini-série allemande : Moi, Christiane F. . 8 épisodes où l’on suit un groupe d’adolescents dont la vie part à la dérive avec la découverte de l’héroïne. Une série intense donc, au sujet grave, et qui se présente tout en contrastes.
Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée
Cette série est tirée du livre Moi Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée, best-seller international des années 1980. Il s’agit de la biographie d’une jeune toxicomane, Christiane Felscherinow. Elle a été écrite d’après ses entretiens avec deux journalistes, Kai Hermann et Horst Rieck. Après avoir été initié à différentes drogues très jeune, elle en est réduite à se prostituer aux alentours de la station de métro Zoo pour se payer ses doses.
J’ai lu ce livre adolescente, il m’avait incroyablement marqué par la puissance de son récit. J’étais donc très intriguée de voir ce que pouvait donner cette série. Si Moi, Christiane F. prend clairement quelques libertés avec le livre pour transformer cette biographie en scénario, l’esprit du désespoir ambiant dans la jeunesse pauvre de Berlin-ouest des années 1970 est intact.
Moi, Christiane F. : une série sur l’amitié ET la solitude
Des toxicomanes en quête d’absolu
De mon souvenir le groupe des 6 adolescents est bien plus mis en avant de façon directe que dans le livre. Si on suit avant tout l’histoire de Christiane, chacun des autres personnages est très bien exploité et façonne cette série de qualité en une histoire commune. Le groupe que forme ces 6 amis, plus ou moins lâchés par leurs familles, c’est l’image d’une belle histoire d’amitié. Désespérée. Leurs moments de rire, de sourires, d’amour, entre clopes et rêves de futur. L’image d’une bande de potes qui a la vie devant eux. Les moments de défonce, les passes et l’individualisme forcené du manque mettent brusquement un phare sur le désespoir insondable de ces jeunes. D’une autre manière, la présence un peu effacée de leurs familles face à cette déchéance, leur différentes manières de réagir face à ce qui leur échappe, est là aussi pleine d’ambivalence.
Un casting impeccable
Les acteurs excellent tous dans ce va-et-vient perpétuel entre le groupe, leur entraide, et leur solitude personnelle. A cet égard, le personnage de Babsi est puissant. Relativement effacée, peu bavarde, sa présence obsédante n’en demeure pas moins absolument indispensable à la série. La déchéance progressive du personnage de Stella, grande gueule qui se veut indépendante mais n’arrive pas plus à gérer que les autres, est incroyablement jouée. Christiane, elle, promène sa beauté et sa lumière dans cette histoire, “indestructible” comme elle dit. Et pourtant….
A côté, les garçons Beno, Axel et Michi sont un peu en retrait. Mais leurs personnalités toutes différentes montrent à quel point la drogue dure a pu toucher tout le monde. Ils sont tous fascinants, émouvants. On comprend à la fois leur envie de prendre leur envol, de se détacher de la réalité de leurs vies, et en même temps on assiste comme impuissants à leur auto-destruction.
Une esthétique travaillée pour la série Moi, Christiane F.
On retrouve cette même dichotomie au niveau de l’esthétique des scènes. On a le glauque du Berlin-ouest de l’époque. Appartements en mauvais état, station de métro Zoo où la prostitution fait rage, shoots dans des toilettes publiques dégueulasses, overdoses et tentatives de sevrage… Et on a le glamour des scènes dans la fameuse discothèque le Sound, où les filles semblent rayonnantes de beauté et de vitalité, où la lumière violette et la musique prennent tout l’espace.
Pour autant, on a parfois de la beauté dans les scènes de tapinage avec l’amitié entre les filles. Et on a du désespoir dans le Sound aussi. Quand la musique s’arrête pour un personnage qui semble plus perdu que jamais. Impossible de ne pas penser à Trainspotting dans certaines scènes de shoot où le réel s’évapore pour laisser place à l’extase de la drogue.
Rien n’est tout noir, rien n’est tout blanc. C’est une série en gris. En gris très très foncé certes, mais quand même. La “beauté” de certaines scènes et la vision de ce groupe d’adolescents paumés mais malgré tout en quête sincère de liberté rendent cette série “un peu” moins sombre que l’histoire d’origine. Mes souvenirs du livre sont plus trashs et glauques. Les scènes de prostitution sont par exemple certes clairement montrées, mais elles ne prennent pas toute la place. La musique apporte également beaucoup à la série. Du David Bowie notamment, leur idole, mais pas que. La reprise incroyable de Chandelier de Damien Rice pendant le premier fix de Christiane… elle te fige rien qu’à l’écoute.
Avez-vous vu Moi, Christiane F. ? Qu’en avez-vous pensé ? En tout cas moi cela m’a vraiment donné envie de relire le Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée et de voir quel regard je porterais dessus adulte.
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