Ce mois-ci, je me suis attaqué au Sixième sommeil de Bernard Werber. Cet auteur m’avait captivé quand j’étais ado. J’avais totalement plongé dans ses Thanatonautes à l’âge de 15 ans. Lorsque, adulte, j’avais découvert tardivement ses Fourmis, j’avais été un peu déçu (notamment par le style). Ne voulant pas rester sur une mauvaise impression, je me suis donc lancé dans l’un de ses derniers ouvrages parus, qui par de nombreux aspects m’a fait penser au premier roman que j’avais lu de lui.
En résumé : Jacques Klein est un scientifique qui marche dans les pas de sa mère. Leur domaine d’étude : les phases du sommeil. Si les étapes d’endormissement, de sommeil profond et de sommeil paradoxal sont bien connues, mère et fils ont le pressentiment qu’avec de l’entraînement on peut prendre le contrôle de ses rêves et accéder à une nouvelle phase : le sixième sommeil. Pour approfondir leurs recherches et leurs méthodes, ils vont aller jusqu’en Malaisie, où la tribu des Sénoïs a fondé sa société autour du principe des rêves, plus important que celui de la réalité.
Mon avis : Je suis très vite entré dans l’univers de ce roman. Les personnages sont rapidement présentés et le lecteur est vite en possession de tous les éléments nécessaires à la compréhension de l’intrigue et de ses enjeux. Le sujet est pour le moins passionnant, car on a vite fait de s’interroger sur son propre rapport aux rêves et au sommeil. Dormez-vous bien ? Avez-vous besoin de psychotropes ? Vous souvenez-vous de vos rêves ? Sont-ils agréables, neutres ou cauchemardesques ? Arrivez-vous à prendre le contrôle de vos rêves ? Petit à petit, par l’intermédiaire de ses personnages, Bernard Werber nous donne quelques clés pour améliorer notre sommeil et apprendre à mémoriser nos rêves. Personnellement, alors que je ne me souvenais plus de mes rêves depuis plusieurs années, j’ai commencé à m’en rappeler dès la deuxième nuit après avoir commencé la lecture de ce roman. C’est ce que l’on appelle de l’efficacité, non ?
Nous passons un tiers de notre vie à dormir. Un tiers. Et un douzième à rêver. Pourtant, la plupart des gens s’en désintéressent. Le temps de sommeil n’est perçu que comme un temps de récupération. […] Le monde du sommeil est le nouveau continent à explorer, un monde parallèle rempli de trésors qui méritent d’être exhumés et exploités. Un jour, à l’école, on enseignera aux enfants à bien dormir. Un jour, à l’université, on enseignera aux étudiants à rêver. Un jour, les songes deviendront des œuvres d’art visibles par tous sur grand écran.
Par de nombreux aspects (comme je vous le disais en préambule) Le Sixième sommeil m’a rappelé Les Thanatonautes. Le monde des rêves comme un continent à explorer, ça rappelle un peu celui de la mort dont il est question dans cet autre roman. D’ailleurs, ces voyageurs du rêve s’appellent les Onironautes… vous voyez que lexicalement, on n’est vraiment pas loin. Mais si ce roman pèche un peu pour l’originalité, il est néanmoins plus intéressant car on peut vraiment appliquer ses conseils pour faire soi-même l’expérience du sixième sommeil (alors que je n’ai vraiment pas envie de tester les NDE et le coma, même artificiel, comme les personnages des Thanatonautes). L’autre chose que j’ai regrettée, c’est que le récit et l’aventure prennent parfois le pas sur le contenu scientifique et nous font retomber dans un roman d’aventure traditionnel, ce qui a tendance à m’ennuyer car en terme de style, il n’y a pas grand-chose d’intéressant chez Werber. Pour des ados, il y a moyen que la sauce prenne mieux.
Dernière chose que j’ai tout de même appréciée : Werber consacre une postface à raconter la genèse de ce roman, nous donner aussi la playlist des musiques qu’il a écoutées pendant l’écriture, et nous laisser enfin quelques pages blanches pour y rapporter nos propres rêves. Et j’avoue que je n’ai jamais été aussi concentré sur mes rêves que depuis que j’ai commencé à lire ce Sixième sommeil.
D’ailleurs, je vous propose d’utiliser la rubrique des commentaires sous l’article pour y raconter votre dernier rêve, afin qu’il ne disparaisse pas dans les limbes de l’oubli et que l’on puisse en parler ensemble. Qui sait, cela nous donnera peut-être l’inspiration pour un nouveau roman ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
5 comments
Mes rêves sont souvent psychédéliques à tendance cauchemardesques, pas forcément de bons souvenirs ^^
Justement, en apprenant à prendre le contrôle de tes rêves, tu peux les changer en rêves agréables et positifs, c’est ça qui est top 🙂
La description de la Malaisie est un ramassis de préjugés faux et infondés ! Très déçue à ce niveau là… Je suis allée 2 fois en Malaisie, vraiment, l’auteur se trompe sur sa description de Kuala Lumpur, faisant passer ses habitants pour des sauvages pauvres et arriérés ! J’ai été vraiment choquée.
Je n’y suis jamais allé. Je n’avais pas le souvenir que la population était dénigrée dans ce roman, mais plutôt en connexion avec des rites ancestraux. Mais s’il s’agit vraiment de dénigrement, c’est regrettable en effet.
Pour la tribu ancestrale, ok, le trip est sympa…
Si tu l’as toujours je te renvoie au chapitre 36… J’ai failli jeter le bouquin ds la cheminée !!!
Je n’ai pas le souvenir que Werber ait autant dénigré l’Égypte par exemple, ds “la boîte de Pandore”…
Je suis très très déçue, pour moi c’est le dernier, personne n’a le droit de dénigrer une population comme décrite, à tort, ds ce chapitre