Si comme moi vous aimez les spectacles musicaux, bonne nouvelle : l’opéra rock Starmania est de retour sur scène très prochainement – dès le 8 novembre 2022 à Paris puis en tournée en France en 2023 ! Starmania est l’une des premières comédies musicales à la française et c’est certainement mon spectacle musical préféré. Depuis sa création en 1979, je pense avoir connu toutes ses reprises et mises en scène au fil des décennies. Retour sur le plus culte des opéras rock !
Starmania, l’opéra rock ultime
Lorsqu’il est créé en 1979 par Luc Plamondon & Michel Berger, le spectacle musical Starmania est un ovni. Il reprend les codes de l’opéra (une pièce chantée) mais avec une musique contemporaine et des artistes pop. À l’époque, ce sont Daniel Balavoine et France Gall – entre autres – qui créent les personnages principaux de cette grande histoire.
Plusieurs années plus tard, la plupart des chansons de cet opéra rock seront devenus des tubes intemporels repris par des artistes nombreux : Ziggy, un garçon pas comme les autres (Céline Dion), Le Blues du businessman (Bernard Tapie), SOS d’un terrien en détresse (Grégory Lemarchal), Travesti (Yannick Noah, Clara Morgane ou Jenifer), Le Monde est stone (Slimane) et j’en passe !
Que des tubes je vous dis !
Starmania, kézako ?
Il paraît que certain(e)s ignorent encore de quoi parle Starmania, alors voici l’intrigue en quelques mots…
Dans un futur proche, Monopolis est la capitale de l’hémisphère occidental. En pleine période électorale qui oppose un milliardaire (Zéro Janvier) et un marabout écologiste (le grand gourou), Monopolis subit les assauts des Étoiles Noires, un gang anarchiste commandé par Sadia et Johnny Rockfort. Depuis l’Underground Café situé dans la ville souterraine, la serveuse Marie-Jeanne suit sur son poste de télévision les actualités de Télé Capitale commentées par l’évangéliste Roger-Roger et la speakerine Cristal. Cette dernière anime également un show intitulé Starmania, sorte d’émission de télé-réalité avant l’heure dans laquelle tout le monde peut réaliser ses rêves et devenir une star.
En deux actes d’une heure chacun, cet opéra rock nous raconte les événements tragiques qui vont bouleverser les vies de ces personnages.
Starmania, des thèmes d’avant-garde
Comment imaginer qu’en 1979 cet opéra rock dépeignait le monde tel qu’on le connait aujourd’hui ? Phénomène de mondialisation et de capitalisme débridé, rêve de gloire éphémère grâce à la télé-réalité, conquête du pouvoir par des milliardaires populistes, climat insurrectionnel, terrorisme, péril écologique, dépression généralisée… tout y est déjà annoncé !
C’est peut-être ce qui explique que plus de 40 ans plus tard le spectacle soit toujours joué et connaisse le même succès. Sans compter la force des sentiments : amour, passion, jalousie, déception, égoïsme… qui rendent les paroles si touchantes quelles que soient les générations.
Personnellement, j’avais découvert Starmania pour l’anniversaire des 20 ans, lorsque le spectacle fut remis en scène par Lewis Furey (avec Muriel Robin dans le rôle d’un Roger-Roger totalement robotisé). C’est ainsi que je m’étais plongé dans les versions précédentes jusqu’à la toute première. Aujourd’hui encore, c’est pour l’orchestration et le casting initiaux que va ma préférence. Je suis ravi, 25 ans plus tard, de retourner au Zénith de Toulouse voir la nouvelle version qui nous est proposée.
Une nouvelle version signée Thomas Jolly
Ce qui m’a intrigué avec cette nouvelle version, ce n’est pas seulement l’idée de revoir enfin Starmania en live, mais aussi de voir ce qu’en a fait Thomas Jolly, metteur en scène contemporain que je suis depuis de nombreuses années (je vous avais parlé de son spectacle Thyeste présenté en Avignon en 2018 ici et de son Richard III en 2016 là). Déjà dans ces deux spectacles, Thomas Jolly avait intégré la musique avec des chœurs slamés dans Thyeste et un véritable concert de rock au milieu de Richard III.
Pour remonter Starmania, il s’est associé à Sidi Larbi Cherkaoui, l’un de mes chorégraphes contemporains préférés depuis 20 ans. En plein confinement en 2020, il s’était associé à l’Opéra national de Paris et au chanteur Woodkid pour créer le ballet Exposure afin de continuer à faire vivre l’art (que certains avaient décrété « non essentiel ») pendant la crise. Un pur moment de grâce !
Qu’est-ce que ces deux artistes visionnaires vont faire de Starmania en 2022 ? Dans notre époque où le péril climatique est plus présent que jamais, vont-ils faire revenir le gourou-marabout sur le devant de la scène (lui qui a été éclipsé de la plupart des versions après les années 80) ? Comment les morceaux seront-ils réorchestrés ? Reviendra-t-on à la grande musicalité de la version originale ou bien sur une musique plus pop comme on en entend beaucoup aujourd’hui ?
Ma crainte principale est que Thomas Jolly – qui a une tendance à faire crier ses acteurs – fasse beugler les interprètes de ce show. J’espère qu’il saura trouver le bon équilibre entre l’énergie du rock et la musicalité de l’opéra. On en reparlera en avril 2023, puisque c’est là que le spectacle passera par le Zénith de Toulouse.
Et vous, êtes-vous également fan de la première heure de Starmania ? Irez-vous voir le spectacle programmé dans la plupart des Zénith de France ? Et quelle est votre chanson préférée de cet opéra rock ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
2 comments
A la fois je rêve de le voir et… j’ai peur ! Je suis tellement fan, j’ai peur d’être déçue si ça ne colle pas à ma vision
Personnellement, la vision ne me fait pas peur, j’ai confiance en Jolly & Cherkaoui qui ont toujours faits des spectacles très réussis visuellement (pour ceux que j’ai vus). En revanche, j’ai plus de crainte sur la musicalité, n’ayant pas entendu les nouveaux arrangements de cette version de l’opéra rock et ne sachant pas quel scenario, personnages et chansons ils auront gardé/supprimé/déplacé/etc. Et à ce titre, on a connu des versions moins réussies que d’autres.