Si Cecilia Bartoli est l’une des cantatrices les plus réputées au monde, ce n’est pas un hasard. Je l’ai découverte sur scène il y a deux ans lorsqu’elle est venue à Toulouse avec les Musiciens du Prince-Monaco. Je connaissais bien entendu ses albums depuis de nombreuses années mais je n’avais jamais eu le privilège de l’entendre en live avant son concert consacré à Farinelli en 2020.
Ce lundi, la diva était de retour dans la ville rose et a proposé un concert autour de ses compositeurs préférés : Händel et Vivaldi. J’ai eu le plaisir d’être invité par les Grands Interprètes à ce moment musical exceptionnel.
Cecilia Bartoli met Vivaldi et Händel à l’honneur
La saison musicale toulousaine a particulièrement bien commencé (Rusalka, Pygmalion…) et se poursuit de façon magistrale. L’incontournable Cecilia Bartoli était l’une des chanteuses lyriques les plus attendues de cette saison. Elle a été à la hauteur de sa réputation.
Il était une fois une reine romaine dans un palais monégasque : Cecilia Bartoli. Un prince milanais, Gianluca Capuano, accoste sur son rocher. Il l’emmène dans son carrosse pour conquérir les comtes toulousains. Quelques paroles magiques – Vivaldi, Händel… – suffisent pour ouvrir les portes de la ville et ravir les cœurs.
Les Grands Interprètes
La complicité entre Cecilia Bartoli et le chef d’orchestre Gianluca Capuano est palpable tout au long du concert. Les Musiciens du Prince-Monaco sont en osmose avec la mezzo-soprano. Avec Pier Luigi Fabretti au hautbois et Thibaud Robinne à la trompette, la chanteuse et les musiciens ont formé un trio qui a conquis le public dans les dernières minutes du concert (air et récitatif de Melissa de Amadigi di Gaula de Händel). Plus tôt dans la soirée, accompagnée par Jean-Marc Goujon à la flûte, elle a métamorphosé la Halle aux Grains en volière.
J’ai été particulièrement heureux d’entendre deux mouvements des Quatre saisons de Vivaldi (l’hiver puis l’été) sublimement interprétés par le violoniste Enrico Casazza. Que d’émotions en entendant « Gelido in ogni vena » (air de Farnace de Farnace II.6) après le mouvement de l’hiver ! Je retiendrai longtemps ce magnifique morceau et la délicatesse avec laquelle les œuvres se sont fondues les unes dans les autres.
Un spectacle qui s’achève dans la joie
La fin du concert était particulièrement joyeuse. Cecilia Bartoli s’est livrée à une véritable battle avec le trompettiste Thibaud Robinne : qui aura été le plus virtuose ? qui aura tenu la note la plus longue ? Entre rivalité et complicité, ce fut une amusante émulation entre les artistes. Mais quand le trompettiste a tenté de piéger la chanteuse lyrique avec quelques notes jazzies, celle-ci a répondu avec Summertime de Gershwin. Je dois avouer que je ne l’avais pas vue venir !
Vous l’avez compris, nous avons partagé un grand moment hier musical grâce aux Grands Interprètes. Et il n’y a rien de plus grisant que de se dire que la saison ne fait encore que commencer !
Serez-vous présents aux prochains rendez-vous du mois de novembre ? Le pianiste Grigory Sokolov viendra le 21 novembre pour jouer les œuvres de Beethoven et Brahms ; et Chucho Valdés sera là le 26 novembre pour un oratorio afro-cubain que je ne souhaite manquer sous aucun prétexte. Serez-vous des nôtres ?
Photo de couverture © Kristian Schuller Decca
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.