Cette année, la saison de l’Opéra National du Capitole est éclatante. Après Rusalka, Tristan et Isolde ou encore Les Noces de Figaro, c’est La Traviata qui est à l’affiche jusqu’à la fin du mois d’avril. Chef-d’œuvre de Giuseppe Verdi, cet opéra est sans doute le plus connu au monde. Que vous soyez féru d’opéra ou totalement profane, vous connaissez forcément les plus grands airs de ce monument de la musique classique. Ce mois-ci, le Capitole nous offre l’occasion de les réentendre dans la mise en scène éblouissante de Pierre Rambert.
Magnifique Traviata : de Rose Alphonsine Plessis à Violetta Valéry
En italien, la « traviata », c’est la dévoyée, celle qui est sortie du chemin. En effet, l’héroïne de cet opéra est une courtisane, une femme à la réputation sulfureuse mais au destin tragique. Si Violetta Valéry est un personnage de fiction, le compositeur Giuseppe Verdi et son librettiste Francesco Maria Piave se sont inspirés d’une figure romanesque célèbre pour créer ce personnage : Marguerite Gautier, dite « la dame aux camélias ». Mais il y a derrière l’héroïne du roman d’Alexandre Dumas fils une femme qui a réellement existé, Marie Duplessis, pseudonyme de la demi-mondaine Rose Alphonsine Plessis dont l’écrivain avait été l’amant.
Bien réelle, cette femme [Rose Alphonsine Plessis] est une étoile filante de la vie parisienne des années 1840. Née dans la pauvreté en Normandie en 1824, elle arrive à Paris à 15 ans. Rapidement, dans une société où l’amour, le sexe et l’argent s’entremêlent, elle devient l’une des « femmes entretenues » les plus en vue de ce petit monde. Ayant appris à lire, écrire, danser et jouer du piano, celle qui se fait désormais appeler Marie Duplessis est reconnue comme une femme pleine d’esprit, à la beauté déroutante et aux penchants marqués pour le luxe. Son ascension est cependant aussi rapide que sa chute : on sait Marie malade. La tuberculose pulmonaire la ronge de l’intérieur et, à 23 ans seulement, elle s’éteint.
Jules Bigey, attaché à la direction artistique de l’Opéra National du Capitole (programme de La Traviata)
En dépit d’une courte existence, cette jeune femme a marqué durablement nos mémoires puisqu’elle fut – directement ou indirectement – l’inspiratrice de nombreux chefs-d’œuvre : La Dame aux Camélias que vous avez peut-être lu et La Traviata, aujourd’hui rejoué sur la scène toulousaine.
La Traviata mise en scène par Pierre Rambert
Spectaculaire, c’est le mot qui vient à l’esprit si l’on veut qualifier la mise en scène de cet opéra. En effet, celle-ci n’est pas signée par un grand nom de l’opéra mais par le chorégraphe Pierre Rambert (1951-2021) qui fut pendant plus de 30 ans à la tête du Lido, célèbre cabaret parisien. Peu étonnant que la danse prenne une place prépondérante dans ce spectacle, notamment au cours du deuxième acte et le Chœur des Bohémiennes et des Matadors. Les costumes de Franck Sorbier ne font que magnifier ce travail de mise en scène magnifique.
Les interprètes ne sont pas en reste dans cette production éclatante. La soprano Zuzana Marková est une Violetta magnétique et le ténor Amitai Pati, qui joue le rôle de son amant Alfredo, un parfait partenaire. Jean-François Lapointe, baryton, est quant à lui époustouflant dans le rôle du père Germont – celui qui va précipiter le drame.
Si vous n’avez pas encore réservé votre place, ne perdez pas de temps. La Traviata est à l’affiche jusqu’au 30 avril 2023 (les soirs de semaine à 20 heures et les dimanches à 15 heures). Pour connaître les tarifs en détail (de 10 à 113 €) et procéder à votre réservation, rendez-vous sur le site de l’Opéra National du Capitole.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.