Hier soir, j’ai eu l’opportunité de vivre une expérience théâtrale hors du commun en assistant à la pièce Tartuffe à deux. Ce spectacle s’est tenu dans un lieu insolite : une cave, transformée pour l’occasion en un espace scénique intime et chaleureux. Organisé dans le cadre du Festival de Caves 31 (qui dure jusqu’à demain soir), cet événement promettait déjà une soirée inoubliable et il n’a pas déçu.
Le Festival de Caves : une initiative originale
Le rendez-vous était donné à 19h30 devant la Chapelle des Carmélites pour la vingtaine de spectateurs conviés au spectacle. Une fois que tout le monde est arrivé, un guide nous a conduit de la rue de Périgord à la rue du Taur, jusqu’à l’entrée de la cave dans laquelle la représentation de Tartuffe à deux devait avoir lieu. Pour l’occasion, il ne s’agissait pas de la cave d’un particulier mais de la Cave Poésie, lieu culturel bien connu des Toulousains.
Quatre rangées de chaises sont directement disposées sur la scène, juste devant un petit castelet où va se jouer Tartuffe à deux, une version du chef d’œuvre de Molière réécrite pour seulement deux interprètes : une véritable gageure quand on sait que la pièce comporte plus de 10 personnages (qui interviennent parfois simultanément dans les scènes).
Créé en 2005 à Besançon, le Festival de Caves est une manifestation théâtrale itinérante qui investit des caves privées à travers la France. De la Côte d’Or en Gironde, des Bouches-du-Rhône au Bas-Rhin, ce festival a attiré des centaines de spectateurs curieux de découvrir des spectacles dans un cadre atypique. Depuis l’an dernier, c’est en Haute-Garonne, orchestré par la Compagnie Voraces, que le festival a posé ses valises, proposant une édition riche en surprises et en découvertes.
Tartuffe à deux : une mise en scène épatante
La pièce Tartuffe ou l’imposteur de Molière, interprétée par la compagnie Lainka Productions de Toulouse (que l’on peut retrouver au cabaret du Kalinka), est un véritable tour de force. La mise en scène, signée Nathalie Barolle, est tout simplement virtuose.
Nathalie Barolle & Philippe Boisdron sont les deux seuls comédiens sur scène et incarnent tour à tour chacun des personnages de la pièce avec une aisance et une fluidité remarquables. Les changements de costumes et de personnages sont si rapides et habiles qu’ils qui relèvent quasiment de l’art du transformisme et ajoutent une dimension magique au spectacle.
Une performance magistrale
La performance de Nathalie Barolle & Philippe Boisdron mérite une mention spéciale. Leur interprétation est magistrale, chacun des comédiens passant d’un rôle à l’autre avec une maîtrise impressionnante. Que ce soit Orgon, Dorine, Elmire ou Mariane, chaque personnage est distinctement représenté, offrant au public un amusant ballet de transformations. Mais le changement de rôle n’est pas seulement comique. Dans les scènes de confrontation entre Elmire et Tartuffe, les comédiens savent montrer la tendresse et la sincérité dans leur jeu et susciter une véritable émotion chez les spectateurs.
Cette utilisation du transformisme sert non seulement la dynamique de la pièce, mais fait également écho à l’hypocrisie que Molière dénonçait dans son œuvre : tout ne serait-il finalement pas qu’un jeu de masques, comme le prouve la dispute entre Valère et Mariane, incapables de se réconcilier afin de sauver les apparences d’un orgueil mal placé ?
Une proximité avec le public
L’un des aspects les plus marquants de cette soirée est sans doute la proximité avec les comédiens. Nathalie Barolle le confesse d’ailleurs à l’issue de la représentation : dans la configuration du Festival de Caves, les acteurs ne jouent pas seulement « pour » mais surtout « avec » le public.
En conclusion, Tartuffe, à deux dans une cave est bien plus qu’un simple spectacle ; c’est une expérience immersive et atypique qui mérite d’être vécue. Le Festival de Caves réussit le pari audacieux de transformer des espaces incongrus en scènes de théâtre, offrant des moments de pure magie théâtrale. On espère que ce festival connaîtra dans les années à venir de nombreuses autres éditions !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.