Mathieu Bablet m’embarque dans chacune de ses bandes dessinées. Après l’avoir découvert avec Shangri-La puis m’être pris une claque avec Carbone et Silicium, je suis parti au pays des sorcières avec The Midnight Order. Forcément, quand comme moi on a grandi dans les 90’s et qu’on a été bercé par la Trilogie du Samedi et les sœurs Halliwell de Charmed, la sorcellerie moderne, ça parle !
The Midnight Order, la chasse aux sorcières est rouverte
The Midnight Order est un récit en huit chapitres autour de l’Ordre de Minuit, une société secrète de Sorcières protégeant l’Humanité des monstres, des peurs primales et des forces occultes.
Les héroïnes de ce récit, Johnson et Sheridan, font partie de l’élite de ce groupuscule. Leur mission est de parcourir la planète et de chasser les sorcières trop puissantes (et accessoirement de leur couper les mains) pour la sécurité du monde. Mais ce travail a un prix : une part de leur humanité disparaît à chaque sœur capturée.
Un univers dense
Moins fort que les deux opus précédemment cités (qui nous entraînaient sur des rivages éthiques, philosophiques et sociaux d’une autre ampleur), The Midnight Order reste un ouvrage très prenant. L’une de ses forces est d’être cosigné par plusieurs artistes. Bien que le scénario général soit imaginé par Mathieu Bablet, chaque chapitre est illustré par différents collaborateurs, ce qui donne à l’ouvrage une certaine étrangeté et en même temps captive. J’ai adoré ce principe, notamment lorsqu’il y a des échos d’un chapitre à un autre.
Entre les chapitres, Claire Barbe a signé des « Midnight files », c’est-à-dire des fiches qui nous renseignent aussi bien sur le monde de la magie (les différents monstres, l’histoire de la sorcellerie…) que la manière dont les sorcières ont été perçues dans l’imaginaire collectif au fil des siècles… Et bien sûr, c’est là que l’on touche au sujet véritable de l’ouvrage : est-ce que finalement les sorcières existent vraiment ? ou est-ce une façon de désigner (et condamner) le genre féminin quand celui-ci prend trop de pouvoir sur l’ordre établi ?
Eh oui, nous sommes en 2023, et forcément la question du féminisme n’est jamais loin quand il s’agit de raconter une histoire. C’est peut-être d’ailleurs pour cela que cette œuvre m’a un peu moins embarqué que les BD précédentes de Bablet… Le sujet est un peu resucé et cet album n’ajoute pas spécialement de nouvelle pierre à l’édifice.
Mais avec The Midnight Order publié par le Label 619, Mathieu Bablet conserve indubitablement sa place assez haut dans le panthéon de mes auteurs de bandes dessinées préférés !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.