J’ai profité d’une récente excursion parisienne pour aller voir l’expo consacrée à Thierry Mugler qui me faisait de l’œil depuis pas mal de temps. C’est au Musée des Arts décoratifs que le plus imaginatif des couturiers du vingtième siècle est mis à l’honneur !
Thierry Mugler, l’expo couturissime
Thierry Mugler n’est pas un simple couturier : il ne crée pas des robes mais des chimères ! Tel est d’ailleurs le nom du modèle qui sert d’affiche à l’expo Couturissime, immortalisée par Yasmin Le Bon. Carapace, plumage, écailles irisées, ailes de papillons… Le mannequin devient un insecte à plumes ainsi magnifié par Thierry Mugler.
Depuis toujours, je suis fasciné par le plus bel animal sur terre : l’être humain.
Selon Mugler, la séduction humaine fait écho au monde animal qui inspire ses créations fantastiques. Le bestiaire de Mugler s’inspire de tout ce qui rampe, grouille, vole… mais récrée toute la magie de la nature en matières synthétiques.
C’est vraiment ce que j’ai aimé dans l’esprit de ces créations : Mugler refuse les peaux luxueuses ou les plumes rares, mais imite les pelages ou les carapaces, comme pour l’ingénieux trompe-l’œil d’empiècements de sa robe « crocodile ». Ses combinaisons en cuir repoussé aux teintes ocre ou chocolat sont comme une seconde peau scarifiée.
Un réseau artistique époustouflant
J’ai aimé au gré de cette exposition croiser des artistes avec lesquels Thierry Mugler a collaboré. David Bowie, Claudia Schiffer ou encore Carla Bruni apparaissent au détour des salles de l’exposition, faisant ressusciter sous nos yeux le meilleur des années 90. J’ai particulièrement aimé tomber sur un portrait du couturier par Jean-Paul Goude, qui est l’un de mes photographes préférés. Il avait immortalisé Mugler en centaure pour le magasine Vogue en 1998.
Thierry Mugler, costumier pour la Comédie française
À la fin du parcours, on peut également apercevoir les costumes de scène que Thierry Mugler a conçu pour la Comédie Française. La robe de Lady Macbeth dans la mise en scène de Jean-Pierre Vincent en 1985 est présentée dans une animation 4D époustouflante signée Michel Lemieux. Véritable cage dorée, la robe de Lady Macbeth – une imposante structure métallique autoportante – s’ouvre pour révéler avec éclat une reine déchue dans une robe simple en chiffon, déchaussée de ses hautes plates-formes. Engoncée dans d’énormes fraises en satin plissé évoquant des billots de guillotine, les sorcières voient leur sublimes robes Renaissance déchirées et calcinées, des appliques de latex créant les brûlures de fagots enflammés dans leur traîne.
Macbeth de Shakespeare est surnommée par superstition « la pièce maudite » ou « la pièce écossaise » pour éviter de la nommer dans les milieux du théâtre, notamment ceux du Royaume-Uni et d’Amérique du Nord. Son personnage principal est même rebaptisé « M » ou « Lady M ». Le soir de la première, Mugler est au fait de cette superstition, mais au terme de 45 jours de répétitions et de 8 répétitions en costume, tout le monde est prêt. Cependant, le public et les équipes sont surpris par les conditions extrêmes et la tempête qui surviennent ce soir-là (nous sommes en plein air dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes en Avignon). Le mistral souffle sur la robe en toile peinte de latex doré avec uns structure à vertugadin d’une largue de 2,5 mètres portée par Lady Macbeth. Il secoue aussi l’énorme robe élisabéthaine de l’actrice, à tel point que les immenses baleines la pincent jusqu’au sang. Puis, l’imposant costume, dont l’interprète doit s’extraire pour révéler une robe plus simple lorsqu’il s’ouvre par un ingénieux jeu de panneaux dorés se chevauchant, se soulève et s’écroule sur la scène – juste au bon moment, selon les annotations des costumières et du metteur en scène !
Si vous voulez découvrir, toutes les créations de Thierry Mugler et d’autres anecdotes, rendez-vous au Musée des Arts décoratifs où l’expo Couturissime est à voir jusqu’au 24 avril 2022.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Cette exposition a l’air incroyable <3