Avec “seulement” 28 films vus en salle cette année (presque 20 de moins qu’en 2015 quand même !), j’ai l’impression d’avoir perdu le rythme… Du coup, je ne suis pas sûr que mon Top 10 soit très représentatif des productions de l’année 2016. Néanmoins, je me colle à l’exercice traditionnel avec cette rétrospective qui, je l’espère, rappellera à vos esprits quelques bons scénarios que vous aviez oubliés.
- Demain – Mélanie Laurent & Cyril Dion
Sorti à l’occasion de la COP21, le documentaire de Mélanie Laurent et Cyril Dion Demain a fait un véritable carton au box-office, ce qui est assez rare pour cette catégorie de film ! Il se divise en plusieurs chapitres (l’économie, l’éducation, l’agriculture, la démocratie, etc.) qui, au-delà de faire un constat alarmant sur notre société, permettent de faire de nombreuses propositions concrètes pour changer nos habitudes afin d’agir, améliorer et modeler notre avenir. Formellement, le film est dynamique et très feel-good, agrémenté des commentaires ingénus de Mélanie Laurent et d’une musique joyeusement pop-folk. Le film est très efficace sur le moment (on a presque envie de devenir végétarien et locavore en quittant le cinéma), mais passerez-vous à l’acte ?
- Spotlight – Tom McCarthy
« Inspiré de faits réels » (petit slogan devenu systématique dans les bandes-annonces et qui me tape sur le système depuis quelques temps), ce film est la reconstitution de l’enquête menée par les journalistes du Boston Globe sur des affaires de pédophilie au sein de l’Eglise. Indubitablement, il vous tient en haleine d’un bout à l’autre ! Interprété avec excellence (mention spéciale pour Mark Ruffalo, nominé aux oscars mais battu par DiCaprio), parfaitement écrit, ce film était un incontournable de la rentrée 2016 ! Et il a reçu l’Oscar du Meilleur film, tout simplement !
Voilà du cinéma pour cinéphiles ! Plusieurs intrigues mêlées, une galerie des personnages vertigineuse… et pourtant tout finit par faire sens ! Ce film n’est pas très éloigné d’un exercice de style tant il y a de séquences de reconstitution allant du péplum au western, de la comédie musicale au film nautique… C’est drôle et intelligent, et excellemment servi !
Le dernier film du plus célèbre cinéaste ibérique est une réussite totale ! Julieta (prononcez « Rouliéta » et non « Djoulièta » si vous ne voulez pas vous faire disputer par l’ouvreuse) adopte le ton et la forme de la confession pour nous raconter la vie d’une femme marquée par les drames et les désillusions. Pour faire le récit de ce parcours complexe, Almodovar a fait appel à Emma Suarez et Adriana Ugarte, deux actrices que l’on voit sur l’affiche et qui incarnent tour à tour Julieta à deux moments de sa vie. Du suspens, de l’émotion, de la justesse… Parfait sur toute la ligne !
Dès que j’ai vu Ma Loute en mai 2016, j’ai tout de suite su qu’il serait dans mon Top 10 de l’année ! Cette comédie est hors-norme et ne ressemble à aucune autre avec son humour très décalé où les scènes oscillent sans cesse entre grotesque et pathétique. Bruno Dumont a choisi de diriger dans ce film des inconnus parfois à la limite de l’amateurisme : le tendre et mystérieux Brandon Lavieville qui joue le rôle éponyme de Ma Loute, l’incandescente Raph dans le rôle de Billie qui m’a subjugué, et enfin l’irrésistible duo composé de Didier Despres et Cyril Rigaux pour incarner un tandem d’inspecteurs incompétents aux faux-airs de Dupond et Dupont mais aux vrais-airs de Laurel et Hardy ! En effet, le scénario du film tourne autour d’une enquête policière dont je préfère ne rien vous révéler car, quoi que vous imaginiez, il n’y a aucune chance que votre hypothèse soit la bonne ! Ce film est d’une totale originalité qui dépasse vos attentes si bien que vous ne saurez même pas le classer du point de vue du genre : est-ce une comédie ? un polar ? une satire sociale ? un drame ? Certainement tout à la fois, ce qui le rend si puissant ! A voir dans la foulée, la série P’tit Quinquin ou les mêmes ingrédients sont au service d’une autre enquête, tout aussi déjantée !
Le métrage joue les équilibristes entre le drame et la comédie par une alternance de scènes d’une extrême violence et des dialogues cocasses et légers sur le thème de « famille je vous hais ». Le film et ses personnages vont toujours là où on ne les attend pas, quitte à vous faire rire aux éclats juste après vous avoir montré les pires scènes de violence (ce que l’on retrouve aussi dans le style du romancier Philippe Djian dont Verhoeven s’est inspiré pour le scénario d’Elle). Ce film ne manquera pas de vous captiver, voire de vous mettre un peu mal-à-l’aise ou de vous révolter. En effet, il nous interroge crûment sur le degré de consentement d’une victime d’agression sans verser à aucun moment dans le psychologisme ou l’explicatif… Pourquoi agissons-nous parfois comme des monstres ? Pourquoi acceptons-nous parfois d’être humiliés et avilis ? Autant de question qui restent sans réponse mais qui sont habilement posées dans une mise en scène impeccable.
Si comme moi vous avez adoré le premier épisode d’Insaisissables, vous serez également conquis par le deuxième ! Rebondissements perpétuels, personnages charismatiques, rythme effréné… tout est réuni pour vous tenir deux heures en haleine ! Les magiciens ont toujours un coup d’avance sur vous, alors soyez bien accrochés dans vos fauteuils et restez attentifs pour ne pas vous y perdre car il n’y a aucun temps mort. Si vous n’avez pas vu le premier volet, pas de panique, les rapports entre les personnages sont suffisamment explicites pour ne pas que cela vous manque. Insaisissables 2 est un épisode totalement autonome, même s’il est une suite directe. (Tiens, on y retrouve encore Mark Ruffalo… il était vraiment au top du top cette année, le gredin !)
Ce film est vraiment une réussite à tout point de vue. Son scénario, sur fond de quête identitaire, se déroule avec tranquillité et est parcouru d’une émotion ténue mais sincère. On s’identifie sans problème au personnage de Mathieu qui est de toutes les séquences du film, et l’on partage ses sentiments à chaque étape de sa recherche. Les personnages féminins apportent au film encore plus de profondeur, de charme et de crédibilité. Je pense en particulier à Marie-Thérèse Fortin qui, avec son jeu d’une extrême sobriété, confère de la dignité à l’un des personnages les plus beaux du film. Le film est encore à l’affiche, alors n’hésitez pas à le voir et à vous laisser porter par son atmosphère et sa subtilité.
Même si le film évite les questions qui fâchent et donne une vision parfois prémâchée des banlieues, sa narration et les portraits qui la jalonnent sont incroyablement captivants. A la rage de Dounia répondent la bonhommie candide de Maimouna et l’assurance charismatique de Rebecca. Elles crèvent l’écran et vous font voir toute la palette des émotions avec une authenticité effarante. Un film coup-de-cœur et coup-de-poing !
En adaptant la pièce de Jean-Luc Lagarce et en dirigeant les acteurs les plus en vogue du cinéma français, Dolan réalise un film puissant qui a clivé les critiques mais qui n’a laissé personne indifférent. Sur Culture déconfiture, en passionnés de théâtre, on a bien sûr été conquis !
Alors, vous validez notre Top 10 ? Ou avez-vous vu des perles que nous avons ratées et que vous nous recommanderiez ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.