Cela fait quelques années la rubrique cinéma fait grise mine car je dois avouer que j’ai un peu déserté les salles obscures depuis un petit moment. Cette année encore, je ne vous propose pas de top 10 mais seulement un top 5 des films que j’ai préférés en 2024. Comme je sais qu’il y a aussi parmi vous quelques petits sadiques, je vous ai concocté à la fin un flop des films que j’aurais préféré ne pas avoir vus.
TOP 5
Emilia Pérez, de Jacques Audiard
Jacques Audiard aime bien aller là où on ne l’attend pas. Eh bien une comédie musicale américaine sur le thème de la transidentité, avec la méga-star Selena Gomez, je dois dire que je ne l’y attendais clairement pas ! Et pourtant… en mélangeant les registres et surtout en faisant appel à un quatuor d’actrices talentueuses, Jacques Audiard a une fois de plus remporté son pari. Découvrez les détails de notre critique dans cet article.
Il reste encore demain, de Paola Cortellesi
En Italie, ce film a dépassé au box office les mastodontes de l’été Barbie et Oppenheimer. Et pour avoir vu les 3, je confirme que Il reste encore demain était le meilleur, que ce soit par sa forme ou par son propos (dont je ne veux pas trop parler, pour ne rien divulgâcher).
Ne vous fiez pas à son apparent classicisme ou académisme, ce film en noir et blanc est extrêmement moderne, voire radical par certains choix esthétiques et de mise en scène (notamment le traitement de la violence). Paola Cortellesi, réalisatrice mais également actrice principale du film, est d’une élégance folle (je ne parle pas seulement de son physique, mais surtout de son engagement et sa force morale). En contrepoint, Valerio Mastandrea qui joue son mari est grandiose et détestable.
Du vrai, grand et beau cinéma italien comme on aime en voir ! Une proposition très différente de La vie est belle de Benigni ou La Grande Bellezza de Sorrentino (pour ne citer que les chefs-d’œuvre les plus récents), mais tout aussi réussie dans son genre.
Sans jamais nous connaître, Andrew Haigh
Quel film ! J’ai rarement été embarqué à ce point par un film romantique… Le personnage d’Adam (joué impeccablement par Andrew Scott) tente de rassembler ses souvenirs d’enfance, notamment ceux de sa mère et de son père, morts quand il n’avait que 12 ans. En parallèle, il se rapproche d’un voisin, Harry, auprès de qui il apprend à fendre sa carapace et briser le carcan de solitude dans lequel il s’est enfermé.
C’est un film délicat et juste, parfaitement maîtrisé. Une belle leçon de cinéma (et d’humanité).
Daaaaaalí ! de Quentin Dupieux
Ce film n’est pas un biopic (genre que je hais) mais une fantaisie inspirée par la personnalité fantasque du peintre espagnol. C’est vraiment drôle et surréaliste comme ses tableaux. J’ai particulièrement aimé les scènes dans lesquelles le religieux raconte son rêve, où l’on retrouve en filigrane des références au film de Buñuel Le Charme discret de la bourgeoisie.
C’est à ce jour le film de Quentin Dupieux que j’ai préféré dans sa filmographie.
Winter Break, d’Alexander Payne
Excellente surprise de l’hiver dernier, Winter Break est un drôle de film qui a l’air tout droit sorti des années 70. Alors que tous les élèves d’une prestigieuse école partent en vacances d’hiver, l’un d’entre eux doit passer les fêtes dans l’établissement avec un vieux professeur sinistre et une dame de cuisine endeuillée… A priori, rien qui ne prête à rire, et pourtant le film est solaire et émouvant.
FLOP
Deadpool & Wolverine, de Shawn Levy
Parmi les blockbusters de l’été, il était difficile de passer à côté de Deadpool & Wolverine, crossover entre deux franchises les plus plébiscitées par les fans de Marvel. Bien que j’adore généralement les films qui mettent en scène des X-Men, je dois dire que j’ai trouvé cet opus passablement débile, aussi bien sur le plan de scénario qu’au niveau des dialogues. Le seul aspect intéressant – ou plutôt divertissant, devrais-je dire – ce sont les nombreux caméos qui ponctuent l’action. Tout le reste est à jeter. Vite vu, vite oublié.
Civil War, d’Alex Garland
Quatre journalistes traversent les États-Désunis d’Amérique pour aller interviewer le président à Washington. C’est long. C’est creux. C’est tout pété. Kirsten Dunst (qui avait un peu disparu des écrans) nous ressert ce qu’elle fait de mieux depuis une trentaine d’années : un sous-jeu qui échoue à lui donner de la profondeur. Un mot pour résumer ce film : l’ennui.
La Zone d’intérêt, de Jonathan Glazer
Et hop ! encore un film avec Sandra Hüller à côté duquel je passe totalement (la dernière fois, c’était Anatomie d’une chute). Dans La Zone d’intérêt, elle incarne l’épouse de Rudolf Höss et nous suivons son quotidien de femme au foyer, juste à côté du camp d’Auschwitz.
Nous étions 4 à assister à cette séance et sommes tous sortis avec le même sentiment de perplexité. Pourquoi raconter cette période de l’histoire avec ce point de vue là ? Franchement, si vous voulez lire quelque chose de qualité sur la question, penchez-vous plutôt sur le roman de Robert Merle La Mort est mon métier dont je vous ai déjà parlé sur Culture déconfiture avec enthousiasme. Là aussi, l’auteur choisit de raconter la Shoah du point de vue de Höss, mais la réflexion est autrement plus profonde et intéressante (et surtout, ce n’est pas ennuyeux comme ce film trop sophistiqué à mon goût)… Avez-vous vu La Zone d’intérêt ? Qu’en avez-vous pensé ?
Le Molière imaginaire, d’Olivier Py
La lumière de ce film est très belle. Mais c’est à peu près tout ce que j’en retiens. Py a imaginé un Molière sur lequel il plaque tous ses fantasmes, notamment un amour décadent avec Michel Baron, son successeur la troupe royale. Je n’ai pas du tout été convaincu par cette fantaisie autour du grand Jean-Baptiste Poquelin, sur lequel il y a beaucoup à dire plutôt que ces élucubrations.
Et vous, quels sont votre top et votre flop cinématographique en 2024 ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.