Cette rentrée ciné est sous le signe du fantastique ! Avec les films Trois mille ans à t’attendre, Everything everywhere all at once et Nope, on a un trio cinématographique ultra original sur nos écrans en ce moment. Je suis ravi de ne pas voir à l’affiche un énième remake, reboot, prequel, sequel, spin-off – et j’en passe – mais trois scenarii totalement originaux et réussis.
On commence aujourd’hui en parlant du film que j’ai vu mercredi : Trois mille ans à t’attendre avec la légendaire Tilda Swinton et le charismatique Idris Elba.
Trois mille ans à t’attendre : le retour de George Miller
Il y a quelques temps, je vous parlais des films qui avaient marqué au fer rouge ma vie de spectateur au cours des vingt dernières années. Et parmi ces films, il y en avait un qui avait été une expérience édifiante due à George Miller. Il s’agissait de Mad Max : Fury Road, un film d’une créativité extraordinaire.
Celui qui fut aussi à la fin des années 90 le scénariste et réalisateur de Babe, le cochon dans la ville (oui, c’est un grand-écart stylistique) revient en 2022 avec une fable romantique et légendaire.
Son héroïne est Alithea Binnie (Tilda Swinton), une professeure en narratologie sans parents, sans mari et sans enfants mais parfaitement heureuse de son existence. C’est en tout cas ce qu’elle prétend. Mais voilà qu’un jour, lors d’un séminaire en Turquie, elle réveille un djinn (Idris Elba) enfermé dans un flacon qui lui propose d’exaucer ses 3 vœux les plus chers. Oui, mais quels vœux peut-on formuler quand on pense être déjà entièrement comblé dans sa vie ? De plus, Alithea sait pertinemment que toutes les histoires de génies et de vœux finissent invariablement par se retourner contre ceux qui les utilisent… Peut-elle vraiment se fier à ce djinn en apparence tellement dévoué ?
Un film fantastique et merveilleux dans sa construction comme dans sa réalisation
Évidemment, si vous aimez le réalisme et le prosaïque, passez votre chemin, Trois mille ans à t’attendre n’est pas pour vous.
Le plaisir de ce film est le même que celui que nous éprouvions enfants en écoutant les contes des Mille et une nuits. Mais on est également très loin du fabuleux tel que Disney l’a dépeint dans son adaptation d’Aladdin (même si le djinn incarné par Idris Elba rappelle fortement le génie joué par Will Smith). Ce qui compte dans ce nouveau film, plus que les pouvoirs du génie, ce sont les pouvoirs des récits et leur magie qui fait exister – au moins en imagination – des personnages, des aventures et des sentiments inoubliables.
Après tout, n’est-ce pas grâce à l’art du récit que Shéhérazade a sauvé sa propre vie et conquis le cœur du roi Chahriar ?
À l’écran, les récits du djinn sont époustouflants de créativité ! George Miller revisite la légende du roi Salomon et de la reine de Saba de manière éblouissante. Sa digression sur le règne de Soliman le magnifique est tout aussi magique !
Le tuilage des histoires les unes à la suite des autres est vraiment très intelligent et Miller parvient à nous raconter quatre histoire en une seule, de manière à ce que le récit dans son ensemble reste cohérent malgré des époques et des personnages différents à chaque chapitre.
Si vous avez gardé votre âme d’enfant quand on vous raconte de belles histoires, n’hésitez pas à aller voir Trois mille ans à t’attendre. C’est l’une des bonnes surprises de la rentrée ciné !
Bonus
Pour finir, je ne résiste pas à l’envie de vous partager la chanson du générique du film plutôt que sa bande-annonce. Écoutez bien la voix, elle devrait vous en rappeler une autre. Effectivement, le thème est chanté par l’un des acteurs principaux du film, Matteo Bocelli, qui n’est autre que le fils du célèbre Andrea. La ressemblance vocale est troublante et aussi envoûtante que le film.
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
