Ce n’est pas la première fois que les Grands Interprètes invitent Philippe Jaroussky à Toulouse. En 2021, nous vous parlions avec enthousiasme du duo qu’il formait avec le guitariste Thibaut Garcia (notre article ici). Hier soir, la ville rose accueillait une nouvelle fois Philippe Jaroussky, cette fois accompagné de Christina Pluhar et de son Ensemble L’Arpeggiata, pour un concert intitulé Passacalle de la Follie, inspiré de leur album du même nom.
Ce programme offre un mélange subtil de musiques à la mode à la Cour de Louis XIII, de danses espagnoles et italiennes, de lamentations pastorales, ainsi que des extraits des premiers opéras italiens, le tout avec une touche britannique.
Une soirée avec Philippe Jaroussky, moins sage qu’il n’y paraît
À première vue, le programme de ce concert peut paraître sage, presque érudit. Cependant, Christina Pluhar et ses musiciens transforment la scène en un véritable voyage musical. Chaque artiste se laisse aller à une forme de liberté musicale, où l’improvisation – notamment inspirée par le jazz – côtoie la rigueur de la musique ancienne. Cette liberté donne à l’ensemble une apparente folie, tout en étant minutieusement maîtrisée. Parmi eux, j’ai adoré le cornettiste Doron Sherwin, trublion de service dans cette aventure musicale.
Philippe Jaroussky, sous l’influence des musiciens de L’Arpeggiata, se montre généreux avec le public. Dans les moments plus légers du concert, il se laisse emporter par l’énergie du groupe, notamment dans les deux rappels où il s’abandonne à une folie joyeuse. Véritable surprise : la mystérieuse gambiste Lixsania Fernández – qui m’avait tapé dans l’œil tant pour ses qualités de musicienne que pour sa sublime chevelure violette (un look assez rare dans des orchestres classiques) – s’est prêtée au jeu en donnant de sa voix suave pour interpréter en duo avec le contre-ténor le standard Bésame mucho. Une véritable mignardise pour finir la soirée !
Un voyage dans les airs de cour
Dans Passacalle de la Follie, Philippe Jaroussky et Christina Pluhar nous ont emmenés à la découverte de trésors oubliés de la musique française du XVIIe siècle, composés par Antoine Boësset, Étienne Moulinié ou encore Michel Lambert. Ces mélodies raffinées, souvent associées à l’amour courtois, ont été sublimées par la complicité des deux artistes, qui allient subtilement intimisme et folie créatrice. La direction inventive de Christina Pluhar a apporté des couleurs vibrantes à l’ensemble instrumental de L’Arpeggiata, amplifiant ainsi la beauté de ces perles musicales.
Merci aux Grands Interprètes pour ces rendez-vous toujours appréciés. Le prochain concert aura lieu le 5 novembre. La Halle aux Grains accueillera la soprano Sonya Yoncheva, le chef William Christie et Les Arts Florissants pour un programme autour de Gluck, Mozart, Cherubini et tant d’autres. Répondrez-vous à l’appel ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.