Le Vent des Signes. Voilà un autre petit théâtre toulousain que je ne connaissais pas. Mais vous savez que je suis toujours curieux de découvrir de nouvelles scènes, de nouveaux lieux, de nouvelles formes. Alors quand Anne Lefèvre, artiste et directrice artistique du Vent des Signes, m’a proposé de venir découvrir cet « espace process & performance », j’ai tout de suite eu envie de partir à l’aventure !
Ce qui a également titillé ma curiosité, c’est le spectacle qui était joué hier soir : Un matin, s’étirer jusqu’aux bouts du monde se présente comme une « performance Lecture / Live electronics ». Un concept pour moi inédit. Et comme j’adore quand les artistes développent des formes originales, j’ai eu encore plus envie de répondre à cette invitation.
Lecture et électro au Vent des Signes
Le Vent des Signes se situe dans le quartier Saint-Cyprien, tout près de la station de métro du même nom. Avec sa petite jauge (moins de 50 places), le lieu est intime et convivial.
Quand le public entre dans la salle, Anne Lefèvre et déjà en place derrière son ordinateur en train d’écrire les premières phrases du spectacle, projetées en grand en fond de scène. Sur le côté, le musicien François Donato est lui aussi derrière un ordinateur et des platines en train de sculpter le son. On est immédiatement plongé dans l’univers des deux artistes.
Puis, dans la lumière rouge d’une chambre noire commence la lecture.
Anne Lefèvre & François Donato nous immergent dans un récit qui empoigne à bras le corps notre besoin immense de trouver du sens à nos actes et reprendre notre souffle. Dans une performance voix, texte, musique improvisée et traitements sonores, les deux complices brassent la matière d’une langue nouvelle, polyphonique et polymorphe qui nous garde vivants – droit dans les yeux. De quoi se relever des épreuves dans l’élan de leurs sons et leurs corps, le cran et l’adresse de leurs dires. De quoi, au milieu des fracas de ce monde, éprouver ensemble l’alchimie joyeuse de la recherche d’issues plus douces, plus hospitalières.
Feuille de salle pour Un matin, s’étirer jusqu’aux bouts du monde
Un récit intime dans le tumulte du monde
Un matin, s’étirer jusqu’aux bouts du monde est un texte écrit par Catherine Phet & Anne Lefèvre. Souvenirs personnels et intimes se mêlent aux grands événements du monde, à commencer par ceux qui ont ébranlé la France le 7 janvier 2015 avec l’attentat perpétré contre le journal satirique Charlie Hebdo. Comme dans des Mémoires, les événements collectifs ont trouvé un écho dans la vie personnelle des autrices. Peu à peu, face au spectacle des désastres du monde, ce sont les pensées intimes qui refont surface, comme ce désir salutaire d’aller « faire le Mont Blanc » après une nouvelle série d’attentats.
La guerre en Ukraine, comme tant d’autres fléaux du monde contemporain, resurgit de manière obsédante. Parfois l’image, comme une photo du pont détruit d’Irpin, vient faire écho au texte. Dans un décor ravagé aux couleurs ternes, la silhouette rose d’une petite fille rappelle le fameux manteau rouge de La Liste de Schindler. Sauf que cette photo ne vient pas d’un film. Il n’y a pas de mise en scène esthétique. C’est la réalité. C’est aujourd’hui.
Vous l’avez compris, j’ai aimé sortir de mes habitudes en allant voir ce spectacle et j’ai apprécié le caractère expérimental de cette traversée, qui propose un dialogue intense entre les mots lus et les sons sculptés par le musicien.
Si vous non plus vous ne connaissez pas Le Vent des Signes, je vous invite à découvrir la programmation de ce théâtre sur leur site. Vous y trouverez des proposition éclectiques. Après Le Théâtre de Poche, c’est le deuxième petit lieu que je découvre à Toulouse au cours de cette saison. Un espace de plus pour partager nouvelles expériences musicales, théâtrales et toujours originales !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.