Hier soir, nous avons eu la chance d’être invités par les Grands Interprètes au concert de la pianiste Hélène Grimaud. C’est une grande chance, cela faisait plus de sept ans qu’elle n’était pas venue à la Halle aux Grains et son retour était très attendu par le public toulousain.
Pour ma part, c’est la première fois que je l’entendais en concert mais cela fait longtemps que je suis (de loin) ses projets artistiques. En 2016, je vous parlais ici de son album Water. Hier soir, elle nous a conviés autour d’un programme ancré dans les dix-neuvième et vingtième siècles avec Debussy, Satie, Chopin, Schumann et Silvestrov.
Un programme délicat pour le concert d’Hélène Grimaud
- SILVESTROV : Bagatelle I
- DEBUSSY : Première Arabesque en mi majeur
- SILVESTROV : Bagatelle II
- SATIE : Gnossienne n°4
- CHOPIN : Nocturne n°19 en mi mineur, opus 72 n°1
- SATIE : Gnossienne n°1
- SATIE : Danse de travers n°1 – En y regardant à deux fois (Six Pièces froides IV)
- DEBUSSY : La Plus Que Lente
- CHOPIN : Mazurka en la mineur, opus 17 n°4
- CHOPIN : Grande Valse brillante en la mineur, opus 34 n°2
- DEBUSSY : Clair de lune, extrait de la Suite bergamasque
- DEBUSSY : Rêverie
- SATIE : Danse de travers n°2 – Passer (Six Pièces froides V)
- SCHUMANN : Kreisleriana, opus 16
Ce qui m’a particulièrement plu dans ce programme, c’est la manière dont Hélène Grimaud a lié toutes les pièces entre elles. Les 13 premiers morceaux (que l’on retrouve sur l’album Memory sorti en 2018) semblent avoir été écrits pour être joués ensemble, ils se répondent par échos. Selon la pianiste, ils « créent des climats fragiles de réflexion, un mirage de ce qui a été, ou de ce qui aurait pu être ».
Kreisleriana, opus 16 de Schumann, qui dure 35 minutes et dont le ton est plus cyclothymique, n’a été joué qu’après un bref entracte.
Si l’on voulait choisir, dans les compositions de Schumann, celle dans laquelle tous les aspects de son caractère soient représentés de la manière la plus vive et la plus saisissante, ce sont les Kreisleriana, avec leurs alternances de lourde mélancolie, de diabolique vivacité, de rêverie et d’ironie à la Lichtenberg.
Marcel Brion
Hélène Grimaud et Evgeny Kissin, deux grands interprètes à Toulouse
J’ai beaucoup aimé entendre les pièces de Chopin lors de ce concert, car nous sommes allés voir cette même semaine un autre pianiste de renom, Evgeny Kissin, qui avait également dans son programme des Mazurkas et la Grande polonaise brillante précédée d’un Andante spianato. Je trouve passionnante la manière dont les interprètes s’emparent d’une partition pour se l’approprier et nous la faire entendre différemment !
Autre point commun entre ces deux virtuoses : leur générosité. Chacun a gratifié l’enthousiaste public toulousain de nombreux rappels – cinq pour Evgeny Kissin et trois pour Hélène Grimaud. Ces soirées à la Halle aux Grains furent vraiment magiques.
Merci aux Grands Interprètes pour ces soirées qui resteront longtemps dans nos mémoires. Nous avons hâte de découvrir la suite de la saison ainsi que toutes celles à venir !
Et vous, quels concerts avez-vous prévu d’aller écouter en 2022 ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.