Cet été à Bruxelles, j’ai eu l’occasion de voir une exposition de sculptures hyperréalistes vraiment surprenante. Si vous passez par la capitale belge, n’hésitez pas à aller visiter cette expo visible jusqu’au 7 novembre 2021 pour découvrir l’hyperréalisme.
Hyperréalisme, kézako ?
L’hyperréalisme est un courant artistique apparu dans les années 1960 aux USA et est donc une technique qui appartient pleinement à l’art contemporain. Mais comme vous le savez, en art contemporain on peut trouver tout et n’importe quoi ! Ici, les artistes prolongent le travail millénaires des sculpteurs pour représenter les êtres au plus proche de la réalité.
Cette technique ébranle nos certitudes sur l’art et le rapport entre la réalité et la copie.
C’est sous le titre Hyperrealism Sculpture. Ceci n’est pas un corps que l’exposition est proposée à Bruxelles, un titre qui n’est pas sans évoquer le célèbre Ceci n’est pas une pipe de Magritte qui interrogeait déjà le rapport entre la réalité et sa reproduction artistique. Le prolongement en sculpture est à couper le souffle.
Le but d’une œuvre n’est pas qu’elle soit jolie mais qu’elle soit porteuse de sens.
Duane Hanson
Une entrée en matière qui ébranle
La statue de Caroline, signée Daniel Firman, nous a tout de suite interpelée. Dans le premier hall, Caroline semble regarder derrière la cloison. Je dois vous avouer que l’illusion est parfaite : nous pensions qu’il s’agissait d’une vraie jeune fille qui regardait une œuvre située derrière un trou dans le mur. Nous avons donc attendu notre tour, mais la jeune fille n’a pas bougé… Il nous a presque fallu une minute pour comprendre qu’il ne s’agissait pas d’une visiteuse mais bien de l’œuvre elle-même, une statue hyperréaliste ! Le ton était donné !
Hyperréalisme monochrome
Un peu plus loin, nous avons été subjugué par le travail de Fabien Mérelle, un artiste français qui présente des œuvres à la fois hyperréalistes dans le traitement de la matière et en même temps radicalement artificielles par le fait que la couleur ne laisse pas de doute sur la matière utilisée (contrairement à d’autres artistes qui vont employer du silicone pour imiter la chair).
Dans le même espace, Fabio Viale joue carrément avec nos nerfs ! En effet, comment voyez-vous l’œuvre ci-dessous ? Selon vous, en quelle matière est-elle réalisée ?
Comme nous, vous pensez immédiatement à du polystyrène. Je vous assure que même à 2 centimètres de la statue, on pense que ça en est… Eh bien non ! Il s’agit d’un buste en marbre, dans la plus pure tradition ! Oui messieurs dames ! Avec Venere Italica, Fabio Viale en employé du marbre blanc pour imiter le polystyrène, imitant lui-même le buste en marbre représentant de manière réaliste une jeune femme… La mise en abyme est totalement dingue !
Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail.
Léonard de Vinci
Les âges représentés de manière hyperréaliste
Une partie très émouvante de l’exposition présente diverses statues de corps à des âges différents. Woman and Child de Sam Jinks (2010) est à ce titre un pur bijou. Grandeur nature, vous vous approchez de cette vieille femme qui tient contre elle un nouveau-né. Essayez de rester insensibles à un tel chef-d’œuvre !
D’autres jouent avec les proportions, comme le buste d’Andy Warhol dont on peut apprécier le moindre pore et le duvet à fleur de peau, ou bien une main géante où chaque sillon est discrètement gravé, jusqu’aux empreintes digitales.
L’hyperréalisme contre la réalité
La dernière partie de l’exposition présente des créatures et des mises en scène plus surprenantes. Après les changement d’échelles, voici venir les positions impossibles comme un homme en pleine chute (ou lévitation) ou bien des chimères effrayantes ou mignonnes.
Hyperréalisme Sculpture. Ceci n’est pas un corps est à voir à Bruxelles jusqu’au 17 novembre 2021 à Tour&Taxis. N’oubliez pas de prolonger votre visite jusqu’au hall de la gare maritime, vous y verrez un incroyable athlète portant un éléphant sur ses épaules : bluffant !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Tu donnes vraiment envie d’aller découvrir cette expo ! Le travail sur les matières de toutes ces œuvres a l’air incroyable.