Home À voir Women in Troy, l’Iliade revisitée par Dood Paard et Tiago Rodrigues

Women in Troy, l’Iliade revisitée par Dood Paard et Tiago Rodrigues

by Julien
women-in-troy-©-sanne-peper

Et si, depuis plus de 3 000 ans, l’histoire de Troie avait été racontée par les femmes ? Aurions-nous échappé à quelques guerres au passage ? Impossible à dire, mais ce qui est sûr, c’est que le collectif néerlandais Dood Paard, sous la houlette de Tiago Rodrigues, s’attaque à ce sacré bout d’Histoire avec une relecture féminine et… maternelle. Hier soir, nous avons assisté à l’une des premières françaises de Women in Troy as told by our mothers au Théâtre Garonne.

Women in Troy : l’Iliade, pas l’Iliade

Oubliez Homère et ses héros bodybuildés, oubliez Euripide et ses tragédies déprimantes : ici, les Hélène, Hécube, Cassandre et Andromaque prennent les devants. Women in Troy (ou Femmes de Troie, racontées par nos mères, en bon français) met en lumière ces figures féminines, trop longtemps reléguées au rôle de victimes ou d’éléments décoratifs. Enfin, elles parlent. Et elles ont des choses à dire sur la guerre, l’oppression patriarcale, mais aussi sur l’amour et la résilience.

Un discours tout à fait en adéquation avec la période que l’on vit et la libération de la parole à laquelle on assiste depuis plusieurs années… même si cette parole féminine et féministe est, une fois encore, rapportée par un homme.

Quatre Pénélope, des souvenirs et des guerres modernes

Sur scène, deux hommes et deux femmes s’affairent à crocheter une couverture géante, tout en tissant des récits mêlant mythologie et histoires personnelles. L’image de Pénélope se superpose instantanément. Parmi les interprètes, l’actrice ukrainienne Alesya Andrushevska, dont le simple nom résonne avec les conflits actuels. Le décor est minimaliste (comme la mise en scène statique), mais les émotions sont à fleur de peau. Dialoguer avec ses propres mères – certaines ayant traversé des guerres bien réelles – donne à cette pièce une profondeur universelle et bouleversante.

Troie, d’hier à aujourd’hui

Ce qui frappe dans cette Iliade revisitée, c’est l’écho entre le passé mythique et le présent bien concret. Les guerres n’ont pas changé, ou si peu, mais les voix des femmes s’élèvent enfin. Tiago Rodrigues et Dood Paard (on vous avait parlé de leur version WTF de la pièce Art de Yasmina Réza il y a quelques années) nous offrent une pièce à la fois poignante et drôle, qui crochète avec brio les fils du passé et ceux de l’actualité.

Alors, prêt·e à écouter ces mères qui, peut-être, auraient changé le cours de l’Histoire ? Une dernière représentation est prévue ce soir à 18h30.

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

You may also like

Leave a Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.